Le huashan est une montagne
sacree ; elle est un superbe but de randonnee. Une randonnee qu'il faut faire a la
chinoise, c'est-a-dire de nuit, de facon a etre au sommet au lever du soleil.
la porte d'acces a huashan
Petit-déjeûner, douche puis un bus vers Huashan. Ca coute 20
yuan et on me donne la place de devant. Il fait beau et chaud aujourd'hui. Le chauffeur du
bus est dehors et gueule "Huashan, Huashan !" ; il cherche des clients. J'ai
l'impression que le bus n'a pas d'horaires mais attend d'être plein pour partir. Ca dure
une petite heure. La route est d'une incroyable bonne qualité, peu de trous, de
poussière. La première moitié ressemble à nos autoroutes à 2 voies, il y a aussi des
péages. Vers 14h20 je suis à Huashan. C'est une petite ville à 400m d'altitude. Je
récupère une carte de la montagne. On m'explique qu'il faut la monter ce soir vers 23h
pour que demain, à 6h, je puisse voir le lever du soleil. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Ca va être ma première
rando de nuit. Ce qui m'inquiète c'est le dénivelé de près de 2000m. Je me trouve un lit pour seulement 40 yuan. C'est luxe : il y
a une salle de bain dans la chambre. Je sors et je demande à un cordonnier installé dans la rue,
de me réparer mon sac à dos. Je lui montre les renforts amovibles et le trou qu'ils ont
fait dans la toile de la base du sac. Il n'a pas compris le principe et ca va être une
réparation provisoire. La Chine doit avoir de nombreux bons cordonniers, celui que j'ai
choisi ne doit pas en faire partie. De toutes façons, il fallait bien que je le change un
jour ce sac à dos. Donc cette nuit je vais monter le Huashan... Marcher la nuit
pour arriver au moment du lever de soleil. Déjà, au boulot, Ben me disait qu'il avait
l'intention de grimper de nuit, le Lantau Peak. Je monterais volontiers de nuit le Lantau
Peak, le Huashan me fait un peu peur avec ce dénivelé. Il y a un groupe de chinois qui va aussi vers cette montagne,
mais je ne vois aucun blanc. Je m'achète de l'eau et je vais passer le reste de
l'après-midi allongé sur le lit. Il est 19h, on frappe à la porte de ma chambre, on m'invite
à rencontrer un oncle qui veut voir l'étranger. Super, et ma timidité alors ? On
m'amène dans un resto chinois et je leur dis que je ne veux manger que du riz et boire du
Coca. L'oncle ne parle pas anglais, c'est sa nièce qui essaie quelques mots. Dans le
resto, tout le monde m'observe et cela ne m'aide pas pour manger mon riz avec les
baguettes. Je finis mon bol de riz et au revoir tout le monde. La nièce m'aide à acheter
du pain chinois fourré avec de la confiture. Je fais le tri dans mes affaires, je
n'emporte que de l'eau, du pain, des T-shirts et une lampe. Le reste, je le laisse à
l'hôtel. On m'explique que la montée est facile, il ne faut que 5
heures. Il faut aller à la montagne la plus à gauche pour voir le lever du soleil.
Ensuite il ne faut que 3 heures pour descendre. Je compte aller voir les 3 montagnes
là-haut. A 22h, je laisse la moitié du contenu de mon sac à dos à
l'hôtel où j'ai passé l'après-midi. Je monte vers la sortie du village. Il y a un
premier péage puis quelques centaines de mètres plus loin, un autre plus cher et plus
sérieux où il faut remplir une fiche et montrer son passeport, et pouvoir entrer dans la
zone montagneuse. Cette nuit est claire, sans nuage et la lune est pleine. Elle
éclaire le sentier. En réalité ce n'est pas un sentier mais un grand chemin piétonnier
dallé de pierres en granite et il y a souvent de longs escaliers. Le chemin est vraiment
luxueusement construit. De la pierre taillée partout, les gros rochers sont gravés avec
des caractères chinois, certains escaliers sont directement taillés dans le granite de
la montagne, et le cadre est magnifique. Au début je longe un torrent au fond d'une gorge
formée par de hautes montagnes, puis le sentier passe sur la crête, c'est superbe. Le
sentier est parfois dangereux, je suis impressionné par certaines parties qui longent le
vide. On y voit bien avec cette pleine lune. Cela monte tout le temps, mais ce n'est pas
trop pénible car il y a tellement de gens, même la nuit, que le rythme de marche est
souvent celui de quelqu'un de lent, devant, et qui ralentit tout le monde. Mais ça monte
sans arrêt. Ce n'est pas non plus une randonnée, mais on dirait une sorte de pélerinage
vers la montagne sacrée. C'est plein de monde de tous âges et lors d'une pause, je
discute avec des jeunes chinois qui m'incluent d'office dans leur groupe et veilleront à
ce que je ne m'en éloigne pas trop. Les suivre présente un avantage, ils déchiffrent
les indications gravées sur les pierres et iront droit à la montagne d'où voir le lever
du soleil.
photo avec mon copain de rando
Enfin on arrive au sommet d'une des 3 montagnes du massif, on
s'installe pour attendre le lever du soleil. L'endroit se remplit de chinois. Vers 6h, le
soleil se lève, mais j'ai déjà vu de plus beaux levers. Celui-ci est ordinaire, le
soleil est minuscule. La réaction des chinois est davantage inattendue, comique, on
dirait vraiment qu'ils voient ça pour la première fois. Mes camarades chinois me disent
qu'il y a à chaque fois autant de monde. Si le lever du soleil n'est pas génial, par
contre les paysages sont extraordinaires.
le soleil va se lever
le soleil se leve
mon copain de rando et moi et le soleil en haut
d'une des 3 montagnes du huashan
beau lever de soleil dans un ciel bleu
les montees et les descentes sont tres tres pentues
une pagode
les chinois accrochent sur les chaines de protection, un cadenas sur lequel est grave leur
nom
encore des escaliers tailles dans la roche du huashan
Ce n'est pas un vrai chemin de randonnée, ce n'est pas tout
à fait une vraie randonnée, mais cette ballade mérite d'être faite. Retour dans le village au pied des montagnes, sous une chaleur
pénible. Le cinéma du bus recommence. Il attend d'être plein pour
partir. Dès mon retour au village je demande à quelle heure part le bus pour Xi'an et on
me dit 15h. A 15h, le bus est toujours au parking et des voyageurs qui y attendent depuis
une heure commencent à rouspéter. Vers 15h15 tout un groupe qui avait pris place, sort,
vont chercher ailleurs un moyen de transport, et le bus est à nouveau presque vide, il
faut recommencer à attendre. Enfin vers 16h, le bus est plein et on s'en va. Comme pour
l'aller c'est un bus à bout de souffle, on dépassera jamais le 60 km/h, c'est une
estimation car le compteur ne marche pas. Le moteur cale et le chauffeur a du mal à le
re-démarrer et à passer la première. Vers 19h je suis de retour à Xi'an. Chemin faisant, comme
d'habitude des chinois disent "hello !" ou essaient même une conversation en
anglais, mais le vocabulaire fait souvent défaut et ça ne dépasse jamais une phrase.
Mais ce soir, il y a un chinois qui s'accroche. Comme j'ai envie de discuter, je ne laisse
pas tomber. Et voila qu'il se met à me parler en français et il se débrouille bien. Je
l'invite au KFC mais il n'acceptera qu'un Pepsi, il me dit que la nourriture du KFC n'est
pas bonne et préfère la chinoise. C'est un étudiant en calligraphie chinoise et il
apprend aussi les langues étrangères. Il n'apprend le français qu'en lisant et en
écoutant RFI. Avec moi, il a fait ses débuts de conversation. Je parle d'Internet, il me
dit qu'il a un Email et me conduit dans un immeuble de la China Telecom où une grande
salle contient plein d'ordinateurs Acer Aspire équipés de modem ISDN. Mon nouveau copain chinois s'appelle David et il n'a que des
notions d'informatique. Il a une adresse Email, c'est une hollandaise qui le lui a créé
sur Hotmail car elle avait découvert grâce à lui cet espace informatique. Maintenant
c'est moi qui lui explique comment on se sert de Hotmail.
david
|