Je me lève vers 6h dans cette chambre de la maison en bois.
Il a plu cette nuit. Le toit est fait de feuilles de plastique posées sur des planches.
On entend la moindre goutte qui tombe, mais le bruit est léger, apaisant, on sait qu'il
pleut, c'est tout. J'aurais dû bien dormir mais je me suis réveillé souvent. Pas à
cause du froid car il faisait bon dans cette cabane à 3000m d'altitude, même s'il n'y
avait aucun chauffage. Je crois que j'étais préoccupé par la fin de ces vacances en
Chine et j'aurais aimé les faire durer encore. Mais je décide d'arrêter là et je me
dis que les moments sont rendus meilleurs s'ils sont rares et exceptionnels. La pluie s'est arrêtée au lever du jour. Le Gongga a
toujours la tête dans les nuages. Je vois le lever du soleil entre les cimes des
montagnes.
lever de soleil
lever de soleil
soleil d'altitude
En chemin, je croise des ouvriers chinois qui font sauter à
la dynamite des rochers tombés sur le chemin de terre, certainement cette nuit à cause
de la pluie. Je m'arrête un peu pour observer les préparatifs de l'explosion, il y a un
jeune d'environ 16 ans qui prépare des détonateurs et installe des batons de dynamite.
Au moment de la mise à feu on me demande de partir le plus loin possible et les autres
ouvriers se cachent à l'abris d'énormes rochers.
preparation des explosifs
preparation des explosifs
Chemin faisant j'arrive à la hauteur du randonneur rencontré
hier sur le chemin de l'aller. C'est un allemand qui étudie le chinois et il me répond
aussi, à la question 'pourquoi apprendre cette langue ?', qu'il n'en sait rien. On se
moque des touristes chinois qui refusent de marcher sur leur sentier de randonnée et
préfèrent louer un cheval. Il va rentrer à Chengdu et aller au Traffic Hotel, comme le
font tous les blancs de passage dans cette région. Il me dit qu'il veut ensuite aller au
Tibet si ce n'est pas trop cher. Je lui donne les infos que j'avais obtenues lorsque
j'envisageais le Tibet. Cela coûte environ 2000 yuan pour avoir un permis en 3 jours, un
aller simple pour Lhassa et quelques nuits en hôtel. On en vient à la question
nourriture et on est d'accord sur le fait que la cuisine chinoise provoque la nostalgies
des saveurs européennes. On parle de pizza, de Macdonalds et je lui dis que l'on devient
très vite accro du Chicken burger des KFC qu'on trouve à Chengdu, un sandwiche fait de 2
morceaux de poulet, de salade et d'une sauce mayonnaise, un festin. Il me dit qu'il y ira
de suite. Arrivés à ce qui doit être un bar-tabac, je lui offre une
imitation chinoise du Coca-Cola. Nous n'arriverons pas à finir la petite bouteille car le
goût est trop mauvais. Nous passons d'autres dynamitages, il y a des travaux tous les
200m, puis nous nous séparons car il a un pas un peu lent. Quelques minutes plus tard, j'arrive à la hauteur d'un autre
randonneur. C'est le copain du précédent qui lui aussi doit préférer avancer à un
rythme plus rapide. On parle cette fois de Hong Kong car il a également travaillé
là-bas et on tombe d'accord, cette ville, on l'aime. On adore cette ville pleine de vie,
les sentiers de randonnée magnifiques, on voudrait y vivre tout le temps. On se sépare
car il veut essayer un raccourci, mais il fera une petite erreur et je le reverrai loin
derrière. J'arrive à Moxi, en même temps que le troupeau de chinois du
tour. Eux sont partis du camp n°1 vers 7h sur leur chevaux, et sont allés bien plus
lentement que moi à pieds. C'est vraiment ridicule de faire cette rando avec un cheval,
c'est tellement mieux à pieds. Dans le village, je montre mes chaussures crottées à une
chinoise, je voulais juste qu'elle me montre l'emplacement d'un robinet d'eau, et elle me
prête une brosse puis me conduit au fond de son jardin en friches où il y a un robinet
et un tuyau d'arrosage. Il fait une chaleur très forte, mais impossible de trouver
une boisson froide, les magasins ne sont équipés parfois que d'un congélateur pour les
glaces. Je bois un véritable Pepsi-Cola, pas une imitation chinoise, mais il est tiède. Je retrouve le chef du tour chinois qui me tend un sac
plastique rempli de fruits, des prunes, mais je refuse car j'ai lu que tous les fruits
doivent se manger épluchés, et je n'ai pas envie de cette corvée. Sous le soleil et sans clim, le bus pourri reprend la route,
ou plutôt essaie, car immédiatement on rebrousse chemin en marche arrière, il vient de
se tromper de direction. La nouvelle direction prise n'est pas la bonne non plus car on
est arrêtés en plein bourbier. Le chauffeur descend et examine le dessous de son bus. Il
s'en va et revient avec une longue et large planche qu'il met sous le bus et s'y allonge.
Les chinois se mettent à caqueter. Il fait chaud, on est enfermés ; les transports en
commun chinois ont de gros progrès à faire. Puis on repart. Les chinois veulent savoir où j'ai dormi et ce que j'ai vu du
Gongga. En discutant avec eux dans le bus, je me rends compte qu'ils n'ont rien vu du
glacier, et que même ils n'ont rien vu du tout. Au camp n°3 j'avais préféré suivre au
hasard ma propre piste qui conduisait au glacier tandis que le guide du tour les a
envoyés vers la pluie. Ils me disent que le guide leur a expliqué que le chemin du
glacier était trop dangeureux, je leur dis que non. Je montre pour preuve, quelques
photos prises avec le Kodak numérique. Puis ils me demandent combien de temps j'ai
marché depuis le camp n°3 pour arriver au glacier ; quand je leur dis juste 30 minutes
et que j'y ai fait une pause dessus, sur la glace, ils commencent à couiner et à
demander des explications au guide. Léger problème dans le bus... Ils me disent qu'ils ont mal dormi au camp n°1 et je leur dis
qu'il devraient laisser tomber les circuits organisés.
retour vers luding Un peu plus tard, dans le bus qui roule, le guide annonce la
suite du programme du tour, et cette fois ça discute et ça argumente. Je viens
peut-être de transmettre aux chinois la manie française de rouspéter tout le temps. Petit arrêt à Luding juste pour traverser un pont suspendu
d'une longueur d'une cinquantaine de mètres où est passé La longue marche. La traversé
est amusante comme avec tous les ponts de ce type car il oscille de droite à gauche quand
on y marche.
le pont suspendu de luding - la longue marche est
passee par la
le pont suspendu de luding - la longue marche est
passee par la
dans la rue de luding
Le trajet reprend mais pas pour longtemps. Aujourd'hui il fait
très chaud, le moteur du bus n'en peut plus. Sur le bord des route, il y a beaucoup de
stations services qui ne vendent pas d'essence, mais exposent des tuyaux d'arrosage. Notre
bus a droit à une douche de cette eau glacée pour refroidir son moteur.
on remonte vers kunding
le torrent tout le long de la route vers luding
le chauffeur refroidit le moteur du bus...
Le bus chauffe tellement avec cette cote interminable, que le
chauffeur essaie de refroidir le moteur en l'arrosant. On arrive enfin à Kunding avec la nuit. |